Salut, c’est Chamallow. Aujourd’hui, je vais te raconter une histoire classée top secret, il ne faut pas que mes sœurs l’apprennent, mais toi je suis sûr que tu vas me comprendre.
Tu sais que je les aime beaucoup mes sœurs, ça c’est évident. J’étais bien content quand on a réussi à faire en sorte que les humains nous adoptent tous les trois. Par contre je dois avouer que ce n’est pas facile tous les jours de faire sa place de matou avec deux sœurs ! Quand on était petits, tout allait bien, on jouait à chat, enfin à se courir après et à s’attraper ; on se mettait à trois dans l’évier pour se rafraîchir le derrière et guetter la cascade d’eau ; on dormait à trois sur le même fauteuil, bien rangés en rang d’oignons. La vie était belle, aucune question à se poser (ça m’allait très bien), on était comme Nala et Simba dans le célèbre dessin animé, sauf qu’on était trois et de vrais frère et sœurs.
Et puis un jour, on a commencé à grandir, et là je me suis rappelé mon instinct de félin, de mon ancêtre le lion, le roi de la savane, j’étais le seul mâle dans cette troupe de lions, j’allais devoir assurer. Mince alors ! J’avais complètement oublié ce détail, j’aimais bien être dans le rôle du petit chaton qui n’a rien d’autre à s’occuper que de jouer, de manger, de dormir et de demander à sa maman de résoudre ses problèmes, en l’occurrence c’était Louna qui jouait les mamans avec moi et puis l’humaine évidemment. Si j’avais pu rester un chaton toute ma vie, j’aurais fait ce choix-là, mais…
Comme je n’avais pas le choix, j’allais devoir étudier de plus près ce défi qui m’attendait, assurer la place de mâle dominant dans la troupe. J’ai donc regardé des vidéos avec Greg, mon humain, j’ai tendu l’oreille entre deux siestes pour glaner des informations utiles dans les conversations des humains, bof pas grand-chose d’intéressant, et j’ai tenté pas mal de mises en pratique. Le problème principal est bien là, dans la mise en application, ça fonctionne bien sur certains points, mais sur d’autres c’est la cata complète.
Pour manger déjà, j’ai bien essayé de donner l’ordre à mes sœurs de me ramener de la nourriture, mais elles me regardaient genre ‘’euh, t’es grand, t’as quatre pattes, va manger tout seul’’. J’ai tenté une approche plus douce, plus en accord avec mon caractère d’adorable Chamallow, mais qui s’impose quand même, et qui consiste simplement à passer devant elles pour les croquettes ou la mousseline. Résultat mitigé, pour les croquettes, j’ai juste réussi à ce que l’on mange à deux dans le même bol, alors qu’on en a 4 ! Et pour la mousseline, impossible de détrôner mama Louna, c’est elle d’abord, moi ensuite, et Voyelle en dernier.
Pour l’entraînement à la chasse, je sais que les vrais lions laissent cette tâche aux lionnes, mais eux ils sont vraiment dans la nature, à l’état sauvage, ils ont donc une réelle nécessité de chasser pour survivre. Nous, en bons félins d’intérieur, on chasse pour entretenir notre instinct et pour s’amuser. Comme j’ai gardé mon cœur de chaton joueur, et bien je ne peux pas m’empêcher de courir après les proies par moments, en mode bulldozer, je fonce sans réfléchir. Par contre, quand il s’agit de petites bestioles non identifiées, là je sais parfaitement tenir mon rôle de chat-lion et laisser Louna et Voyelle s’en charger, moi je reste en hauteur, je surveille les alentours, et je les encourage, tu te souviens de cette aventure ? J’espère d’ailleurs que ma prestance de roi de la jungle-maison s’est bien ressentie dans le récit.
Pour la toilette, je n’ai pas trouvé d’informations sur la bonne façon de faire des lions, j’ai essayé d’improviser, je me suis dit que comme ma maman-chat le faisait pour moi quand j’étais bébé, et que ma sœur Louna a poursuivi ce rôle une fois dans notre nouvelle maison, je n’avais pas à m’en préoccuper. Cependant en grandissant, Louna a espacé ses toilettages avec moi, et j’ai eu la sensation que je devais m’occuper moi-même de mon magnifique pelage, je suis donc devenu un expert en aiguisage de griffes et en lavage d’oreilles notamment. Bien sûr j’accepte avec grand plaisir que les humains me brossent, ce n’est pas vraiment du toilettage, cela s’apparente plus à une séance de relaxation massage pour moi, je l’exige donc quotidiennement.
Là où j’ai encore besoin de me perfectionner pour égaler mon modèle le roi de la savane, c’est pour que tout le monde fasse place quand j’arrive quelque part. Les humains sont assez bien élevés sur ce point, maman se décale même sur sa chaise pour me laisser passer, et elle rajoute souvent un ‘’vas-y Chamallow tu peux y aller sans risques, il y a la place’’, comme c’est agréable.
Mes sœurs, en revanche, ça n’a rien à voir avec maman humaine. Voyelle ne se décale pas, pire, si je m’approche et que je la mordille pour le lui faire remarquer, elle se met à hurler en miaulant comme une diva-chat, parfois elle rajoute même des petites claques de patte. Et Louna… Ah, Louna, elle, elle m’assène de coups de pattes comme si on faisait un combat de boxe, et elle me lance un regard noir comme si elle avait des missiles dans les yeux. Je n’ai pas envie de faire le malin face à l’adjudant-chef Louna, chat-roi ou pas. Je ne le dis qu’à toi, mais parfois Louna me fait peur.
Le pire c’est quand je suis seul, que mes sœurs ne sont pas là, que je vais me poser assis tranquille à un endroit pour méditer ou observer, et d’un coup, sans prévenir, elles débarquent, se posent juste à côté de moi, et lorsque je tourne mon regard vers elle, je me prends une claque, comme ça, gratos, quelle injustice !!! Je les regarde, incrédule, je me reprends un autre coup de patte… Moi je te le dis, être le roi de la jungle-maison c’est vraiment une mission très dangereuse, et j’avais bien besoin de partager cela avec toi aujourd’hui. Souhaite-moi bonne chance ! Cela dit, je me sens déjà bien mieux de t’avoir confié cela. Je vais aller faire une petite sieste avec mes sœurs.
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