31. Le mirador ou le retour de la patte traîtresse (par Louna)

Bonjour, c’est moi Louna !

Il s’est passé récemment un évènement particulier dans la vie des mousquechats, les humains ont décidé de faire des ré-aménagements dans la salle à manger. On a d’abord pensé qu’ils abusaient complètement puisqu’ils ont fait cela dès 8h, et durant toute la matinée, soit pendant notre traditionnel et nécessaire temps de repos après une bonne nuit. Impossible donc de se détendre et de piquer un petit somme. Tu vas me dire qu’on aurait pu aller dormir à l’étage, oui bien sûr, théoriquement c’était une possibilité envisageable, mais dans les faits réels, en tant que mousquechats, il était de notre devoir de surveiller ces humains ! Tu comprends, ils vidaient des meubles entiers, il fallait donc que l’on vérifie l’état de l’intérieur de ces armoires et bibliothèques. Et puis il fallait aussi récupérer tous nos jouets perdus depuis longtemps derrière ces meubles.

Evidemment les humains ne se sont pas contentés de bouger ces quatre meubles, ils ont aussi raccourci considérablement la table, ce qui posera quelques problèmes à Chamallow, tu verras un peu plus loin ; ils ont aussi ajouté et bouger des fauteuils, ça c’est plutôt pas mal, ça nous fait plus de lits. En revanche notre vigilance était à son maximum quand ils ont commencé à bouger nos arbres à chats ! Que comptaient-ils faire ? Les enlever ? Panique à bord, hors de question, on était déjà prêts à s’agripper dessus et à tenir jusqu’à la dernière griffe. Bon, il s’est avéré qu’ils voulaient juste déplacer le plus grand de nos arbres dans un autre coin de la pièce. Et je dois reconnaître que c’est une de leur plus judicieuse idée car de ce fait, nous avions un accès plus direct et rapide vers le sommet des bibliothèques.

Ça ne s’arrête pas là, car une fois au-dessus, on avait une super vue sur un nouvel espace inconnu, énorme, à explorer. Un véritable mirador à ras de plafond juste là, au sommet de cette montagne géante avec 4 portes gigantesques, qui doit bien faire 11 chats de large sur 9 chats de haut et un chat étalé de tout son long en profondeur. C’est Voyelle, la plus agile de nous trois, qui s’est risquée en premier à sauter là. En même temps, elle le scrutait déjà depuis plusieurs mois ce nouvel espace à conquérir, mais le saut semblait très périlleux, et les humains avaient stoppé ses envies d’acrobate en y mettant un gros carton pour bloquer définitivement l’accès. Mais cette fois le passage était dégagé ! Mieux, les humains ont même aménagé l’endroit avec un joli coussin identique à celui de la chambre, tu te souviens celui que maman humaine a osé laver.

Voyelle m’a interpellé de là-haut en me demandant de la rejoindre. Je me suis échauffé les pattes, et j’ai bondi jusqu’au sommet du mirador. C’est le nom parfait pour cet endroit, une vue d’ensemble sur la pièce ET sur la télé-fenêtre pour espionner la rue sans être vu, et friandise sur la mousseline (ou cerise sur le gâteau si tu préfères), on est ABSOLUMENT hors d’atteinte des humains, même debout sur une chaise.

Quand papa et maman humains ont vu qu’on s’installait sur le joli coussin, ils ont dû craindre qu’on le boude comme l’autre, alors ils se sont empressés d’y mettre un peu d’herbe à chats. Le fumet odorant de cette herbe a rapidement chatouillé les narines de Chamallow qui s’était réfugié dans la cuisine pour dormir, il était vraiment trop épuisé, il n’a pas tenu la surveillance jusqu’au bout. Bref, réveillé par ces effluves délicats, il a débarqué dans la salle à manger, le nez en l’air, oscillant la tête de gauche à droite, cherchant d’où ça provenait.

Il avait l’air de se douter que ça venait d’en haut, mais il ne nous voyait pas. Maman lui a filé un coup de patte, elle le connaît, elle sait qu’il n’est pas très rapide et un peu froussard. Elle l’a donc déposé dans le premier panier de l’arbre à chats, elle a attendu quelques secondes pour qu’il se repère, puis elle l’a mis dans le deuxième panier, a attendu, puis dans le troisième panier, le plus haut, et de là elle a tapoté sur le haut de la bibliothèque pour l’inciter à trouver le chemin.

Pas si vite, Chaminou est resté longuement dans le panier du haut, à réfléchir ou à récupérer de l’énergie, je ne sais pas trop. Puis il s’est redressé, légèrement instable dans ce panier, il a tendu une patte pour jauger la distance entre le panier et la bibliothèque, il restait bien 10cm entre le bout de ses griffes et le rebord du meuble. Il se rassoit pour réfléchir, se demande sans doute si le défi en vaut la peine. Pourquoi risquer de déraper pour une simple odeur agréable ? Si encore il me voyait je pourrais le motiver, mais je ne miaule pas un mot, ce serait trop facile, et je risquerai de l’effrayer et le faire déraper. Finalement, il tente le saut, et parvient sans encombre sur le meuble. Jusque-là ça allait encore à peu près, 10 bonnes minutes s’étaient écoulées quand même, pour faire sol, arbre à chats, bibliothèque. Le plus dur restait à faire.

Les choses se sont corsées quand il est arrivé au bord du précipice, enfin de l’étagère, qu’il a vu ce nouvel espace, et qu’il s’est mis à analyser la trajectoire. J’étais toujours cachée à l’observer, je voyais qu’il se posait des questions sur la stabilité de cet endroit, sur les issues éventuelles et les possibilités de retour, mais il était si proche de cette odeur d’herbe à chats si agréable pour ses narines, que son courage a augmenté d’un cran. Après tout, il avait réussi le premier saut, il lui restait juste le saut ultime, d’au moins 30 ou 40 cm, sans visuel complet sur l’arrivée.

Il s’est mis à effectuer une danse bizarre, comme s’il pompait de haut en bas avec sa tête, des sortes de squat du cou. Habituellement les squats c’est pour les jambes, enfin les pattes arrière, mais lui il faisait des squats de cou et tête, en haut, en bas, en haut, en bas, au moins 20 fois. Peut-être qu’il essayait d’étirer son cou comme une girafe ? Après ces 20 pompes, tous ses muscles étaient bien chauds, il pouvait y aller sans risquer de se froisser quelque chose, mis à part l’ego peut-être s’il se ratatinait.

Hourra il a réussi ! Il me remarque enfin, fait le tour de l’espace, se délecte de la délicieuse odeur du coussin, et s’y installe finalement pour un petit dodo. Chaminou ne s’est pas arrêté en si bon chemin pour déposer ses odeurs, le mirador c’était fait, maintenant il fallait refaire le chemin inverse pour redescendre et mettre sa marque sur le nouveau fauteuil bleu. Quand je l’ai vu s’installer sur ce siège, avec une posture parfaite de psy, des petits yeux mystérieux, une patte croisée sur l’autre, et la tête relevée, j’ai bien ri.

Je n’avais pas encore arrêté de pouffer de rire, quand la patte folle de Chaminou a fait son grand retour, tu sais, sa patte traîtresse, celle qui glisse toute seule. Elle était même accompagnée de la patte avant, du côté gauche aussi, ça rend la scène plus drôle. Mon frère te dira qu’il a simplement été surpris par la nouvelle table raccourcie, et que c’est elle qui l’a déséquilibré en faisant glisser ses deux pattes gauches pour le mettre en position de cochon pendu. Heureusement le dossier de la chaise l’a légèrement retenu, il a hésité une seconde, et ne sachant quoi faire, il s’est finalement laisser tomber sur la chaise pour partir ensuite dignement dans une autre pièce.

Ce mirador nous promet encore de belles aventures j’en suis sûre !


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